Que ses enfants ne crèvent pas de faim, qu'ils aient un bout de tissu qui les protège, un cartable, un stylo et un cahier.
La labeur et le travail deviennent raison de vivre, la quiétude et le bonheur d'une vie dévouée à la lutte pour la survie.
La faim.
La fatigue d'être mis à l'écart d'une vie digne.
La peur d'un lendemain, la peur qui s'installe, la quête lutte quotidienne, le maître auquel on se soumet volontier, tant qu'il apporte des miettes de bonheur.
Tel est le cliché de la misère.
Ma misère est qu'on plante des antennes paraboliques au dessus d'un toit, alors qu'on n'a pas de stylo, de cartable, de bout de tissu, ni de télévision. Ma misère est qu'on prenne des crédits à la "Société Générale" ou à la "BNP" pour couler le sang d'un mouton qui impressionnera les voisins plus qu'il n'assouvira la soif de dieu.
Ma misère est qu'on exhibe des signes de richesses futiles, les plus absurdes qu'ils soient (ipods, Ray ban, Gucci et cie) pour paraître.
Notre misère est d'être tellement maraboutés que même l'accés à l'éducation et la culture ne nous sauve pas de ces pulsions qui transforment l'homme en un consommateur morbide, un parasite parti à la chasse des opportunités les plus faciles, et souvent les plus humiliantes.
Ma misère est de voir de tels paradis déchus.
La terre est fertile, le climat est tropical.
Le blé, le café, le riz, les mangues, les bananes, les légumes, les fraises, le cacao, les oignons, la pomme de terre. Tout pousse. Il y a de la terre et de l'eau pour que tout pousse.
Comment aller pêcher à l'endroit même ou la surface de l'eau est ornée de cadavres de poissons morts à cause des déchets de la veille.
Comment continuer à exiger de cette nature, à la traire avec tant de haine.
Comment ne pas s'alarmer, attendre toujours que cela s'arrange, que ces Toubabs colons viennent tracer des routes, faire de la plomberie, soigner les gosses, acheter tout et n'importe quoi aux vendeurs ambulants d'objets sans valeur, encaisser les insultes, payer 5 fois plus cher le taxi, remercier tout le monde et repartir, pour revenir avec des cadeaux.
Comment au Sénégal on exige (le mot est à la mesure des faits) des cadeaux.
Avec un orgueil et une certitude d'avoir raison, se dressent ces ames dures, fortes de leur politesse et de leur culture, fières d'un passé glorieux, idolatrices de figures emblématiques qui tissent les légendes du Sénégal.
J'y retournerai.
3 comments:
beaucoup appris
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