"Etat d'ugence"
"couvre feu""intervention de l'armée"
"52 morts selon les sources officielles, 200 selon les sources médicales"Ce qui s'est passé est de taille.
Ce que la mémoire populaire retient, par contre, est tout autre : tant qu'il ne s'agit pas des "émeutes du pain", ou "Gafsa el majida"..
Comment des hommes ont-ils pu coudre des bouches pour les taire?
Où sont ces maîtres de conférence confortablement installés sur des doctorats de chaises en Histoire, qu'ils nous racontent?
Où sont les vétérans de 9 Avril et de la faculté de Manouba?
Où est notre histoire?
"Qui m'a volé Mon Histoire, de Mon Pays?"
J'ai le droit de poser cette question.
En l'absence d'une réponse, je remuerai les cendres des quelques détails racontés par ceux qui ont vécu cette histoire volée, et m'incline - à mon malheur - devant les seuls mots que j'ai vus publiés : ceux de Tahar Belkhodja, ancien premier ministre et collaborateur de Bourguiba, je cite* :
"Depuis quelques jours, des incidents éclatent : à Tozeur, puis à Kasserine pour s’étendre un peu partout dans le pays. L’UGTT, en présence du secrétaire général de la CISL, Kersten, appelle à une “grève générale d’avertissement” pour le 26 janvier. L’UGTT avait expressément prévu une seule grève, pacifique, et non des manifestations de rue — dans cette Tunisie où l’on ignorait la pratique de démonstrations normales et ordonnées, après concertation entre les organisateurs et la police —. Mais c’était compter sans les frustrations des adhérents de l’UGTT, le désespoir des exclus, la colère des chômeurs et des marginaux qui allaient saisir l’occasion de se faire entendre par la violence ; et sans la volonté d’en découdre qui animait certains responsables du parti, pressés d’en finir avec ce bastion de l’UGTT, dont certains syndiqués s’excitaient démesurément.
(...) Déjà, la veille, le 25 janvier, toutes les forces du pays, ont été mobilisées pour être “dès l’aube” aux ordres des gouverneurs. Le 26 janvier, dès le matin, par centaines, par milliers, des manifestants, jeunes pour la plupart, venus de la périphérie de la capitale, convergent vers la médina, vers les riches rues commerçantes du centre ville, devant les ministères, dans les quartiers bourgeois du Belvédère et de Mutuelleville. Presque tout de suite, vers 8 heures, des voitures banalisées [ref aux milices du Parti unique] procèdent aux premières graves provocations. Du coup, les jeunes dressent des barricades, brisent des vitrines, mettent le feu à des bâtiments administratifs. La police est débordée. A midi, Bourguiba signe l’ordre à l’armée d’intervenir. Toutes les forces entrent alors en action dans la ville. On dénombrera des dizaines ou des centaines de morts selon les sources d’information. L’écrivain Mohsen Toumi avancera : “Nos propres estimations, à l’époque, recoupées par celles d’autres enquêteurs, aboutiront à 200 morts au moins, et 1 000 blessés”. L’après-midi, le Président décrète l’état d’urgence et un couvre feu qui durera près de trois mois. C’est ce qu’on appellera : le “Jeudi noir”, le jeudi le plus sombre de la Tunisie indépendante, celui d’un affrontement bien inutile entre les forces vives de la nation."
** : Ah ces milices ! sujet épineux.. voilà, encore une fois, ce qu'en dit "le" responsable direct, M. Mohamed Sayah, directeur du PSD à l'époque, je cite ***:
"(…) Comme je l'ai expliqué, il existait un ''service d'ordre'' du parti dont les membres, fichés par la police, portaient un brassard. Ils intervenaient uniquement lorsqu'il y avait de grandes manifestations dans le pays, comme la visite de chefs d'Etat, parce qu'il n'y avait pas suffisamment de policiers. Après le 26 janvier 1978, le ministre de l'Intérieur avait déclaré qu'il ne disposait pas d'assez de policiers pour assurer le respect du couvre-feu. Il demanda alors que le parti mette des gens à sa disposition. "
* : Propos extraits de "Trois décennies Bourguiba" de Tahar Belkhodja.
(...) Déjà, la veille, le 25 janvier, toutes les forces du pays, ont été mobilisées pour être “dès l’aube” aux ordres des gouverneurs. Le 26 janvier, dès le matin, par centaines, par milliers, des manifestants, jeunes pour la plupart, venus de la périphérie de la capitale, convergent vers la médina, vers les riches rues commerçantes du centre ville, devant les ministères, dans les quartiers bourgeois du Belvédère et de Mutuelleville. Presque tout de suite, vers 8 heures, des voitures banalisées [ref aux milices du Parti unique] procèdent aux premières graves provocations. Du coup, les jeunes dressent des barricades, brisent des vitrines, mettent le feu à des bâtiments administratifs. La police est débordée. A midi, Bourguiba signe l’ordre à l’armée d’intervenir. Toutes les forces entrent alors en action dans la ville. On dénombrera des dizaines ou des centaines de morts selon les sources d’information. L’écrivain Mohsen Toumi avancera : “Nos propres estimations, à l’époque, recoupées par celles d’autres enquêteurs, aboutiront à 200 morts au moins, et 1 000 blessés”. L’après-midi, le Président décrète l’état d’urgence et un couvre feu qui durera près de trois mois. C’est ce qu’on appellera : le “Jeudi noir”, le jeudi le plus sombre de la Tunisie indépendante, celui d’un affrontement bien inutile entre les forces vives de la nation."
** : Ah ces milices ! sujet épineux.. voilà, encore une fois, ce qu'en dit "le" responsable direct, M. Mohamed Sayah, directeur du PSD à l'époque, je cite ***:
"(…) Comme je l'ai expliqué, il existait un ''service d'ordre'' du parti dont les membres, fichés par la police, portaient un brassard. Ils intervenaient uniquement lorsqu'il y avait de grandes manifestations dans le pays, comme la visite de chefs d'Etat, parce qu'il n'y avait pas suffisamment de policiers. Après le 26 janvier 1978, le ministre de l'Intérieur avait déclaré qu'il ne disposait pas d'assez de policiers pour assurer le respect du couvre-feu. Il demanda alors que le parti mette des gens à sa disposition. "
* : Propos extraits de "Trois décennies Bourguiba" de Tahar Belkhodja.
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