Dans l'attente de ce train qui a pris l'habitude de l'emmener vers une autre famille, le petit enfant tenait la main de son père penché corp et âme dans la pile de bouquins pauvres en couleurs : philosophie, littérature classique, poésie, politique, les titres se succèdent et se valent tous pour lui. Tous ces bouquins ont une caractéristique commune : il n'y pas d'images dedans.
ma fammech tsaouir :(
et puis le gosse il s'en fout, puisqu'il aura son "science et vie junior" et son "Majed" hebdomadaire. Il retrouvera encore une fois "abou el dhourafé2" et "zakiya et thakiya" et ses petits scoops scientifiques initiateurs.
Plus de 10 ans plus tard.
Le même enfant se rend compte qu'il a malheureusement grandi.
même endroit, une main absente d'un père présent tout au fond de son être.
Plein de bouquins avec plein de couleurs, d'illustrations et de belles polices.
L'horreur est là, sous ces yeux : les livres se vendent comme des petits pains, le commerce est fleurissant, les gens se ruent sur ces torchons multicolores.
Le grand enfant a honte, prend son courage à deux mains, et immortalise le moment.
La grande déchéance.